Hugo RIGAUD

International | dépaysement total en Inde (2024)

Rencontre avec Hugo RIGAUD, élève de SUPMICROTECH, parti en Inde pour un projet de fin d'études ! Ce stage au sein de l'entreprise PA Pinions révèle ainsi sa passion pour la micromécanique et son désir de s'immerger dans des défis techniques ambitieux, mais aussi son adaptabilité à une culture complètement différente.

Peux-tu nous parler de ton parcours avant d’intégrer SUPMICROTECH?


Après avoir obtenu mon bac SSI (scientifique, sciences de l’ingénieur) option maths, je suis entré en classe préparatoire aux grandes écoles (MPSI/PSI) à Besançon. Après deux ans de travail intensif, j’ai passé le concours CCINP ce qui m’a permis d’intégrer l’école en formation initiale en septembre 2021.

 

Pourquoi as-tu choisi cette école d'ingénieur ?


Je recherchais une école d’ingénieur permettant de se spécialiser dans la mécanique de précision. En troisième année, SUPMICROTECH nous offre notamment la possibilité de rejoindre l’option « Ingénierie micromécanique », ce qui a renforcé davantage ma volonté d’intégrer cette école. De plus, elle est située à Besançon, ville connue pour son expertise dans le domaine des microtechniques et proche de la Suisse romande, cœur de l’horlogerie et de la mécanique de précision. Mon domicile familial étant à Dole, cela me permettait aussi de rentrer régulièrement chez mes parents le week-end. Enfin, avant de se spécialiser en dernière année, SUPMICROTECH reste une école généraliste, de nombreuses thématiques y sont abordées au cours du cursus, permettant ainis de former des ingénieurs assez polyvalents.


Peux-tu nous parler de ton parcours à l’école ?


J’ai rejoint l’école en septembre 2021 en formation initiale. En troisième et dernière année, j’ai opté pour l’option " Ingénierie micromécanique ". J’ai été très satisfait de ce qui a été abordé au sein de cette option et des enseignants qui sont intervenus. Cette dernière s’articule autour d’un projet d'envergure, en groupe : les projets qui nous étaient proposés, parfois par des entreprises, étaient intéressants et permettaient de mettre en application les notions vues en cours. Ce projet PIST est une bonne transition pour notre carrière professionnelle avec les contraintes qu’implique le travail en entreprise (cahier des charges, gestion de budget, délais à respecter, découverte des machines, maquette, présentation du travail…).


Tu es en stage en Inde, comment as-tu eu cette opportunité ? Dans quelle entreprise es-tu ?


Pour cette dernière étape de mon parcours scolaire, je voulais vivre quelque chose d’un peu différent dans un pays anglophone, par peur de regretter plus tard de ne pas l'avoir fait, même si j’avais déjà validé ma mobilité internationale. Etant donné que les possibilités offertes à l’étranger (à l’exception de la Suisse) sont assez restreintes, se limitant principalement à des stages en laboratoire non rémunérés, j’ai dû chercher des solutions de manière indépendante. J’ai contacté plusieurs Alumni qui sont maintenant expatriés pour avoir leurs conseils et ai envoyé plusieurs candidatures spontanées, notamment au Royaume-Uni, en Irlande et en Inde avec l’aide de CHAT GPT pour la recherche d’entreprises.


PA Pinions, une entreprise située au nord de l’Inde qui fabrique de très petites pièces et qui développe ses propres équipements et machines-outils a répondu favorablement. C’est une entreprise d’environ 200 employés qui possède un savoir-faire remarquable, capable de tenir des tolérances assez serrées. Après avoir longtemps hésité et ne sachant pas trop à quoi m’attendre, j’ai finalement accepté, me disant que si je ne le faisais pas maintenant, alors je ne le ferai jamais. Au-delà de l’intérêt technique du stage, ce genre d’expérience permet d’en apprendre beaucoup sur soi-même et de se distinguer des autres profils, surtout quand on sait que l’Inde est, ou va, indéniablement devenir une puissance démographique, technologique et économique…

 

 

Quelles sont tes missions ?


Le but de mon stage est de concevoir une petite rectifieuse sans centre, adaptée pour les petites pièces que l’entreprise fabrique (diamètre 0.5mm à 12mm) afin d’améliorer leur état de surface et augmenter la productivité. Grâce à mon stage d’immersion de 6 mois au sein du bureau technique chez Franck Muller Watchland, j’ai déjà quelques connaissances en conception mécanique mais la conception de machines industrielles reste très différente de la conception de mouvements horlogers. Le stage est super intéressant mais pas facile du tout, d’autant que mes responsables m’ont prévenu que c’était un sujet assez ambitieux en si peu de temps.


Je dois effectuer plusieurs recherches sur les solutions techniques que je peux utiliser dans ma machine (bearing, seal, linear actuator, linear guideway, ballscrew, gearbox, belt and pulleys, motors…), sélectionner les bons modèles dans les catalogues des fournisseurs puis m’assurer qu’ils livrent bien en Inde lorsqu’il s’agit d’entreprises étrangères. Après avoir terminé la construction sur Solidworks, je devrai commander la matière et les composants externes, créer les plans pour la fabrication des pièces de la machine puis assembler et faire les câblages électriques. L’objectif final étant si possible d’arriver à un prototype pour pouvoir effectuer des tests.


Lorsque j’ai des doutes ou que je ne comprends pas quelque chose, je peux demander à mes collègues ou à mon tuteur qui prennent le temps de m’expliquer. Je peux aussi m’inspirer des rectifieuses sans centre que l’entreprise possède déjà dans son parc-machine, mais qui sont beaucoup plus encombrantes que celle que je dois concevoir.

 

L’Inde est un pays complétement différent, comment vis-tu ce dépaysement ? Qu’est-ce qui t’as le plus surpris ?


Oui, en effet, l’Inde est un pays très différent, avec une culture unique, beaucoup d’inégalités et les premiers jours sont assez déstabilisants. Plusieurs choses m’ont surpris en arrivant. Tout d’abord, la circulation, il n’y a pas de règles sur la route, les gens klaxonnent et doublent n’importe comment : en tant que piéton, il faut être super vigilant. Ensuite, la nourriture est très épicée mais les plats indiens sont excellents avec beaucoup de saveurs. Les gens m’ont très bien accueilli et font tout pour que je me sente bien : cela fait partie de leur culture.

   

Je suis à Dharampur, dans la région de l’Himachal Pradesh, tout au nord de l’Inde, dans les montagnes et les paysages sont magnifiques. J’ai eu l’occasion de visiter plusieurs lieux et temples après de longs voyages en bus durant les week-ends (Chandigarh, Nainital, Manali…) ou encore d’assister au mariage d’un collègue indien. Le coût de la vie n’est vraiment pas élevé, on peut donc se permettre de voyager sans trop réfléchir et d'aller souvent au restaurant. La région dans laquelle je vis actuellement est probablement l’une des plus agréables où vivre en Inde, loin du bruit incessant de Delhi, de la grande chaleur, de la pollution et de la surpopulation.


Concernant la langue, les locaux parlent Hindi, seuls les gens éduqués parlent anglais, avec un fort accent : on ne fait pas du Shakespeare mais en étant débrouillard, on arrive à se comprendre.


C’est une expérience extraordinaire et très enrichissante : une leçon de respect, de tolérance et d’humilité. Les échanges sont sincères ici et je suis progressivement en train de tomber amoureux de la région dans laquelle je me trouve.


J’espère que l’entreprise voudra continuer à prendre des stagiaires de l’école pour tous ceux qui aimeraient partir à l’étranger pour découvrir autre chose, une autre manière de vivre et de travailler, car c’est une expérience inoubliable que je recommanderais à 100%. L’Inde est un pays incroyable, c’est un peu comme si j’étais en train de vivre une autre vie sur une autre planète : il faut le voir pour le croire. En bref, je ne regrette pas du tout d’avoir accepté cette aventure !

 


Dans quel secteur souhaites-tu travailler par la suite ?


J’aimerais trouver un travail dans la continuité de la construction de mon projet professionnel, dans le monde de la micromécanique. Mon stage d’immersion chez Franck Muller Watchland m’avait bien plu, j’avais découvert l’horlogerie et tout ce qu’il était encore possible de faire dans ce domaine. J’envisagerai donc peut-être de postuler dans une manufacture horlogère. Une chose est sûre, je tiens à ma liberté et à trouver une entreprise en phase avec mes valeurs (respect, intégrité, durabilité…) !